Musa Calil
Poète
1906-1944
Poète soviétique d'origine tatare et résistant anti-nazi impliqué dans la résistance armée en Pologne et en Biélorussie.
Né dans le village turkmène de Mustafino. Passionné de langue et de philologie, il devint poète au début des années 20 et écrit des poème révolutionnaires tatares. Il entra dans un Komsomol clandestin à Orenburg qui était à cette époque sous le contrôle des Russes blancs. Calil devint un pur communiste en 1929 et s'impliqua dans l'Armée rouge naissante de sa région. Il s'installa à Kazan où il est surnommé "poète rouge" ou le "Héros rouge". Il poursuit ses activités politiques durant l'entre-deux guerres et étudia à Moscou. Ses deux premiers poèmes patriotiques, Les millions et Décoré honorablement, ont été traduits en plusieurs langues dans l'URSS et il devint fort connu.
Au moment de l'invasion allemande de Juin 1941, Calil s'engagea dans l'Armée rouge et devint un commissaire politique qui est affecté sur le Front de Volkhov. Il sera correspondant pour le journal Otvaga et écrira des poèmes patriotiques construits dans le style lyrique, afin de faire connaître le courage et les difficultés quotidiennes de la population éprouvée. En Juin 1942, l'unité de Calil se fait encercler par les Allemands. Lorsque que le bataillon dans lequel il était affecté essaie de rompre l'encerclement, des tirs nourris le décimèrent, et Calil fut blessé et capturé, puis interné dans un stalag avant d'être transféré à Deblin en Pologne. Son camp de prisonniers regorgeait de soldats originaires de plusieurs régions de l'Oural et du bassin de la Volga; il en profita pour organiser un réseau de résistance. Au lieu de tenter une évasion en force comme celle du camp d'extermination de Sobibor, Calil et ses partisans choisissent de s'enrôler dans la Wehrmacht pour avoir accès à une grande variété d'armes. Ainsi, ce bataillon d'auxiliaires informellement commandé par Calil se mutine et tue tous les officiers allemands qui l'encadrent. Immédiatement, il se disperse et ses membres rejoignent les groupes de partisans soviétiques opérant en Biélorussie. Malgré les gestes d'éclat de Calil contre les Allemands, le ministère soviétique de la Sécurité (MGB) se méfia de lui et le considérait comme un espion potentiel à surveiller. Cependant, Calil et plusieurs de ses compagnons d'infortune sont pris par le SD et solidement torturés par la Gestapo. Calil eut un bras cassé et un rein endommagé. Il trouva encore la force d'écrire de la poésie contre le nazisme, même avec des doigts endommagés… En Août 1943, Calin est transféré dans la prison berlinoise de Moabit et apprit à parler un allemand rudimentaire pour communiquer avec les autres détenus. Le 10 Août, il est guillotiné par le bourreau Reichhart à la prison de Plotzensee. Ses notes poétiques seront conservées par d'autres détenus puis deviendront des recueils dénonçant le nazisme: les carnets de Moabit. Son corps n'a jamais été retrouvé. La mémoire de Calil sera réhabilitée après la mort de Staline en 1953, lorsque son action dans la résistance aura été prouvée et que son recueil poétique Carnets de Moabit seront publiés à Kazan. Calil aura été le seul poète soviétique à être décoré du titre de Héros de l'URSS et de l'Ordre de Lénine à titre posthume
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