Ilya Ehrenburg
Ecrivain
1891-1967
Écrivain prolifique russe qui a joué un rôle mportant pour la propagande soviétique notamment durant la Seconde Guerre mondiale.
Né à Kiev dans une famille bourgeoise juive, Ehrenburg est confronté à un climat antisémite qui suscite en lui un sentiment de résignation et de révolte. Il se nourrit de lectures d'écrivains majeurs, tels Dostoievski, Dickens, Tchekhov, Ibsen ou Zola. Il participe aux mouvements révolutionnaires de 1905 et adhère l'année suivante au Parti ouvrier social-démocrate de Russie. Après quelques mois d'emprisonnement pour motif politique, il décide de s'exiler. Arrivé à Paris en décembre 1908, il est immédiatement fasciné par l'atmosphère de la capitale. Quelques jours après son arrivée, il rencontre Lénine dans un bistro à Montparnasse. Après l'abdication du tsar en 1917, il rentre en Russie. Séparé de Katia Schmidt depuis 1914, il épouse une cousine étudiante en arts plastiques, Lioubov Mikhaïlovna Kozintseva, à Kiev le 16 août 1919. De retour en France en 1921, les Ehrenbourg sont expulsés un mois après leur arrivée pour "propagande bolchevique". Ils partent pour Bruxelles, puis Berlin. Cette même année, Ilya fait paraitre son roman Julio Jurenito4. Jusqu'en 1927, il voyage fréquemment et écrit plusieurs romans. Au printemps 1932, il devient correspondant permanent en France des Izvestia jusqu'en avril 1939. Il écrit ses articles dans un style télégraphique qu'il affectionne, avec des phrases courtes.
Ehrenburg prend part à la Guerre civile espagnole comme correspondant de guerre. En 1938, il dénonce les accords de Munich, signés entre l'Allemagne nazie et plusieurs puissances occidentales. De retour en France après la défaite des républicains espagnols, il dénonce l'attitude de la France dans la drôle de guerre, ce qui lui vaut des menaces d'expulsion du territoire. Il prend part à la Guerre civile espagnole comme correspondant de guerre. Ehrenburg revient à Moscou en 1940. Dès le début de l'attaque allemande contre l'Union soviétique, il est engagé comme correspondant de guerre au journal l'Étoile rouge, organe officiel de l'armée. Ses articles écrits en style télégraphique, d'une "écriture austère et sobre", avec le "mot qui sonne juste" sont particulièrement appréciés par les soldats. Membre du Comité antifasciste juif, il travaille également à la propagande soviétique et participe, avec d'autres auteurs comme Constantin Simonov, à une violente campagne anti-allemande. Son article "Tue", publié le 24 juillet 1942 quand les troupes allemandes ont profondément pénétré en territoire russe, est un des exemples les plus cités et critiqués de cette campagnen. Affirmant que les Allemands ne sont pas des êtres humains , l'article appelle les soldats à tuer les ennemis sans pitié: Ne disons rien. Ne nous indignons pas. Tuons. Si tu n’as pas tué un Allemand par jour, ta journée est perdue… Si tu ne tues pas l’Allemand, c’est lui qui te tuera… Si tu ne peux pas tuer un Allemand avec une balle, tue-le à la baïonnette… Si tu as tué un Allemand, tues-en un autre – à l’heure actuelle il n’est rien de plus réconfortant pour nous autres que de voir des cadavres allemands. Ne compte pas les jours, ne compte pas les kilomètres. Compte une seule chose: les Allemands que tu auras tués. Tue l’Allemand! C’est ce que te demande ta vieille mère. L’enfant t’implore : tue l’Allemand! Tue l’Allemand! C’est ce que réclame ta terre natale. Dans ce texte, la figure de l’Allemand englobe celle de l’ennemi, le même que celui rencontré pendant la guerre en Espagne, le fasciste […] l’ennemi idéal par son statut extérieur et son antisémitisme radical. Dans ces écrits, la modalité injonctive domine, les impératifs sont répétés, les phrases courtes incitent à l’action, à la lutte contre l’ennemi ramené à la "catégorie globalisante de l’Allemand". Ehrenbourg part ensuite en tant que journaliste sur les pas de l'Armée rouge, dans les territoires tout juste libérés de l'occupation allemande. Là, en compagnie de Vassili Grossman, il recueille les témoignages des massacres commis par les Allemands. Leur reportage fut utilisé au procès de Nuremberg en 1945-46. La documentation recueillie était conçue au départ comme un témoignage pour l’histoire, mais aussi comme preuve sur les crimes allemands. Les documents devaient donc prendre part aux accusations que les Alliés mettaient en place contre le nazisme. Le Comité antifasciste juif décida que les témoignages et documents recueillis durant la guerre devaient être rassemblés en un volume : Le Livre noir. Pendant la Guerre froide, il contribue à la propagande communiste.
____________________________
© Sites JPA, 2020