Hans Frank

Reichsleiter

1900-1946

Activiste puis gouverneur général de la Pologne à partir de l’automne 1939.

Né à Munich, il fait des études de droit puis devient membre du groupe Thulé d’extrême-droite avant d’adhérer au Parti nazi. Il entre dans la SA et participe au putsch raté de Novembre 1923. Il sera l’avocat de nombreux militants nazis durant les années 20. Son statut d'avocat lui permet aussi d'organiser, à partir de 1928, l'association des juristes nationaux-socialistes, qui dispose rapidement d'un journal périodique mensuel, le Droit Allemand, qui oeuvre à la "propagation d'un renouveau juridique Völkisch national-socialiste". 

Lorsque Hitler prend le pouvoir, Frank devient ministre de justice en Bavière et, en 1934, ministre du Reich sans portefeuille – dépourvu d'influence politique notable jusqu'en 1939. En revanche, sa carrière de juriste trouve son apothéose dans sa présidence de l'Académie de droit allemand d 1934 à 1941, pendant laquelle il veut refondre le droit allemand à travers le prisme du national-socialisme ; il se propose de transformer le juge en gardien de la Volksgemeinschaft, la communauté du peuple : en effet, le juge est défini comme le garant de l'ordre social et racial du IIIe reich, de même qu'il arbitre les différents opposants les Volksgenosse, camarades au sein du Volk. Juriste, il défend, sans succès, malgré le soutien de Hitler, la stérilisation des criminels multirécidivistes, contre l'avis du ministre de la justice, Franz Gürtner. Hans Frank est alors connu pour son caractère despotique et lunatique passant de la grande sentimentalité à la brutalité extrême. En sa qualité d'homme du parti, il peut, s'il le faut parler le langage de la rue au peuple. Une fois la Pologne conquise en 1939, Frank devient le gouverneur général des Provinces polonaises occupées (Gouvernement général), poste dans lequel il dépend directement de Hitler. Corrompu, il s'installe, avec une suite nombreuse, dans le château de Wawell, à Cracovie, qu'il s'est approprié, où il vit dans un luxe presque décadent...

Il doit se frotter souvent face à Himmler pour ne pas être dépouillé de son pouvoir. En effet, Himmler, suivant le plan de Heydrich a décidé dès l'automne 1939 de la déportation des Juifs des territoires polonais incorporés au Reich vers le gouvernement général, soit 600,000 Juifs s'ajoutant au 1,4 million vivant déjà sous son autorité. Si dans un premier temps, Frank suit le mouvement, il proteste dès Janvier 1940 contre l' "invasion" forcée dont il est la victime. En effet, il ne sait que faire des Juifs qui arrivent sur son territoire. Il parvient à faire cesser cette première déportation en attendant une meilleure "prise en charge" de la question juive. En Octobre 1941, Frank préside toute une série de réunions avec les responsables locaux pour étudier les différents moyens de se débarrasser des Juifs du gouvernement général. Une solution envisagée est la déportation des Juifs en URSS. Mais Alfred Rosenberg, responsable des territoires occupés en URSS refuse énergiquement. Certains collaborateurs de Frank proposent de laisser mourir de faim les habitants des ghettos. Le 16 Décembre de retour de Berlin, Frank convoque les gouverneurs de district et les chefs de division et déclare: nous devons en finir avec les Juifs [...] nous devons détruire les Juifs, partout où nous les rencontrons et partout où c'est possible, pour préserver la structure entière du Reich . Finalement, en Décembre 1941, les SS expérimentent près de Lublin le gazage des individus. Sous son règne, le gouvernement général de la Pologne, destiné à devenir après la guerre une terre de colonisation germanique, est transformé en un vaste réservoir de main-d'œuvre pour l'industrie de guerre du Reich. C'est là que quatre des six camps d'extermination du système concentrationnaire nazi sont mis en place. Bien qu’antisémite et partisan de la solution finale, Frank se trouve pourtant isolé à partir de 1942, à la suite d'une rivalité soutenue ave Himmler. Il tombe en disgrâce auprès d’Hitler qui le démet de toutes ses fonctions au sein du parti – mais le garde à la tête du gouvernement général malgré la volonté exprimée de Frank de démissionner. Se réfugiant au fil du conflit de plus en plus dans la religion, il tente de se rapprocher des églises polonaises.

Ayant fait à nouveau allégeance à Hitler après l’attentat du 20 Juillet 1944, maintenu dans ses fonctions, il devient responsable de l'application du décret du 27 Juillet 1944 relatif à l'érection de fortifications à l'Est du Reich. Comme les gauleiters des Gaues (régions administrées par des gauleiters) orientaux, il en est informé le lendemain par Guderian. Pour appliquer ce décret il fait largement appel à des Polonais, astreints au travail forcé, nourris par la prédation des stocks de nourriture des régions du Gouvernement général encore contrôlées par le Reich. Il abandonne Cracovie, où il s'était installé, le 17 Janvier 1945, pour s'installer dans le château de Seichau, en Silésie, qu'il abandonne le 23 Janvier, après une dispendieuse soirée d'adieu, pour se rendre, avec le fruit de ses rapines, dans les Alpes Bavaroises. Frank est arrêté par les Américains en Mai 1945 et essaie sans succès de se suicider. Il est traduit devant le tribunal de Nuremberg et plaide coupable aux chefs d’accusations. Il est condamné à mort et pendu le 16 Octobre 1946. [Son journal de service en 42 volumes, dont l'original se trouve à Varsovie, constitue une source historique importante.

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Ó Sites JPA,2013