Ilse Koch

Tortionnaire

1906-1967

Militante nazie surnommée "la chienne de Buchenwald" ou "la sorcière de Buchenwald" était l'épouse de Karl Koch, le premier commandant du camp de concentration de Buchenwald.

Née à Dresde d'une famille d'ouvriers, Koch étudia en commerce et se trouve un job comme secrétaire sténotypiste dans plusieurs sociétés commerciales. Elle adhère au parti nazi en 1932, dont elle devient l'employée. Le 29 mai 1937, elle épouse le colonel SS Karl Otto Koch, qui fait partie des commandants brutaux et efficaces du système concentrationnaire en train de se former. L'été suivant, son mari est nommé commandant du nouveau camp de Buchenwald. Ils auront trois enfants, un garçon Artwin, et deux filles Gisele et Gudrun. Karl et Ilse font partie d'une nouvelle "aristocratie" allemande. Il adoptent des attitudes, un comportement et des loisirs de la haute société, avec des goûts de luxe, plus un penchant vers la corruption et l'adultère, allant au-delà des "normes" de l'univers concentrationnaire.

À Buchenwald, elle forme avec son mari, un couple redouté, qui loge dans une belle maison, la "villa Koch" à l'intérieur du camp. Leur train de vie est somptueux : repas gastronomiques et soirées arrosées et libertines, Ilse ayant la réputation d'être nymphomane... Karl Koch se livre à un trafic personnel de bijoux et devises, et Ilse Koch à une collection personnelle de préparations anatomiques, notamment des abat-jour en peau humaine tatouée. Sous le règne du couple Koch, un beau tatouage valait condamnation à mort pour le tatoué. Elle invitait souvent l'ami du couple, et son amant probable, le médecin Waldemar Hoven, à visiter sa collection "d'estampes humaines". Koch est connue pour sa cruauté vis-à-vis des prisonniers. Outre sa collection, sa deuxième passion était l'équitation. Quand il fait beau, Ilse Koch chevauche à travers le camp en interdisant aux détenus de la regarder. Les fautifs sont condamnés à la schlague5 et au cachot. Quand il pleut, elle effectue des tours de manège dans une salle édifiée pour elle. En 1943, lorsque son mari Karl Koch est accusé de détournements de fonds et de meurtres de témoins gênants – dont celui d'un officier SS dont le témoignage aurait pu lui nuire –, elle est accusée de complicité devant un tribunal SS. Elle est acquittée, son mari étant condamné à mort et finalement exécuté par les SS, le 5 avril 1945. Après la guerre, Ilse et ses enfants vivent à Ludwigsburg, une banlieue de Stuttgart, où elle est capturée par les alliés. Emprisonnée, elle est jugée par le Tribunal militaire international de Dachau lors du procès de Buchenwald en 1947. En dépit du témoignage de plusieurs détenus obligés de fabriquer les objets en peau humaine, le tribunal n'a pu prouver l'implication d'Ilse Koch dans de tels crimes. Koch est condamnée à perpétuité pour sa participation à la maltraitance des prisonniers. Deux ans plus tard, dans un contexte de guerre froide, les Allemands de l'ouest souhaitent contrôler eux-mêmes la question des criminels nazis. Sous l'égide du général Lucius Clay, gouverneur militaire américain, une commission de révision réduit sa peine. Elle sort de prison le 17 octobre 1949, malgré une vive opposition aux États-Unis. Elle est arrêtée immédiatement le même jour par les autorités ouest-allemandes, et déférée devant la justice de son pays. Au procès d'Augsbourg, qui s'ouvre en novembre 1950, elle est condamnée à la prison à vie en janvier 1951, pour dénonciation et incitation au meurtre sur 135 prisonniers allemands. Elle se suicide en septembre 1967.

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