Robert Ley
Ministre
1890-1945
Directeur du Front du travail allemand puis ministre du Travail.
Fils d’agriculteurs, il a fait des études de chimie à l’Université de Bonn avant de s’enrôler durant la Première Guerre mondiale. Il passe deux ans dans un régiment d'artillerie, avant de suivre une formation pour devenir aviateur. En Juillet 1917, son avion est abattu au-dessus de la France. Lors du crash, Ley est victime d'une blessure à la tête et subit de multiples contusions aux jambes, nécessitant six opérations chirurgicales. Il garde à vie un léger bégaiement et une certaine propension à la nervosité. Fait prisonnier par les Français, il passe deux ans dans un camp de prisonniers. Ce n'est qu'en 1920 qu'il retrouve la liberté.
De retour en Allemagne, Ley retourne à l'université et obtient son doctorat de chimie. Docteur en chimie alimentaire, il se fait embaucher par une filiale alimentaire du géant industriel IG Farben dans la Ruhr. En 1924, opposé à l’occupation française de la Ruhr, Ley, dont les positions ultra-nationalistes se sont affirmées, se range du côté des nazis et se joint au NSDAP. Nouvel adhérent, il joue un rôle important non seulement dans l'implantation du nazisme en Rhénanie, mais aussi dans la reprise en main du parti par Hitler lors de sa libération. Orateur, démagogue, il jouit à ces titres de la protection de Hitler contre ses subordonnés et ses concurrents au sien du parti. En 1925, Ley devient gauleiter en Rhénanie et l'éditeur d'un journal antisémite, le Westdeustche Beobachter, dont les attaques antisémites lui valent de multiples condamnations. En 1925, lors du débat, interne au NSDAP, sur l'opportunité d'exproprier les familles princières du Reich, il s'oppose aux choix politiques des frères Strasser, isolé dans son opposition à l'expropriation, contre l'ensemble des gauleiters du nord du Reich, et marque son soutien à Hitler. En 1931, Il commence à fréquenter, poussé par Hitler, le groupe d'intimes de ce dernier qui forment le vrai centre de pouvoir du NSDAP, et, après la démission de Gregor Strasser à la fin de 1932, il est nommé à la place de ce dernier ; à ce titre, il participe à la restructuration des organisations ouvrières allemandes au printemps 1933.
Dès le mois de Mai 1933, la prise en main des organisations syndicales aboutit à la création du Front du Travail, dont Ley devient le chef. En vertu de la loi du 19 Mai 1933, précisée par la loi du 20 Janvier 1934, Ley devient le Führer du DAF. Opposé à Strasser, il transforme le DAF en organisation parfaitement inféodée au parti, dès avant la Nuit des Longs couteaux. Le Front du Travail devient en outre sous sa tutelle l'administration la plus corrompue du Reich. Prévaricateur, Ley détourne à son profit des sommes gigantesques issues à la fois des syndicats interdits, de ventes d'ouvrages dont il était l'auteur, du journal du Front du travail et de salaires astronomiques. Cependant, à la tête d'une organisation regroupant des centaines de milliers de membres et gérant de gigantesques sommes d'argent (par le biais des cotisations obligatoires), il jouit d'une autonomie et d'une impunité de fait. Amateur de femmes, il mène grand train, vivant dans le luxe, habite de fastueuses demeures, mais sombre dans l'alcool à partir de 1938. Par son mode de vie fastueux, il montre l'exemple à ses subordonnés, qui s'empressent de s'enrichir par tous les biais possibles et achètent, par la réalisation d'embellissements de propriétés de la SS ou de proches de Hitler, leur mansuétude, mettant ainsi un terme à toute tentative de lutte contre la corruption proverbiale de l'organisation. Reichsleiter du parti, Ley encourage, parfois contre d'autres organes du parti, la création de centres de formation spécifiques, non seulement pour les futurs cadres de son organisation, mais aussi pour les Allemands membres du Jungvolk, organisation proposant l'encadrement des jeunes gens préalable à leur admission dans la Jeunesse hitlérienne. De plus, à partir de 1935, il organise les Ordenburgen, des centres de formation destinées à des jeunes gens âgés de plus de 25 ans, ayant suivi l'intégralité du cursus national-socialiste : jeunesses hitlériennes, armée, DAF: conçues comme des universités du parti, elles sont destinées à former la pépinière des futurs dirigeants ; soigneusement sélectionnés par la hiérarchie du parti, les élèves reçoivent une formation destinées à faire d'eux la future élite du Reich. Rapidement, ces écoles sont confrontées à des critères de sélection trop draconiens, et leur succès est mitigé, au vu des carrières des militants qui en sortent, recrutés pour une large part parmi les fils des permanents du DAF…
Chef du Front du Travail, il joue un rôle important durant le conflit : il prend ainsi le contrôle de la construction de logements dès les débuts de la guerre. Reichsleiter du NSDAP, partisan de la lutte à outrance contre les Alliés, il joue un rôle dans le déferlement de haine débordante des membres du parti contre conjurés du 20 Juillet 1944, et, par extension, contre les aristocrates et les militaires de haut rang. À partir de l'automne 1944, lorsque de nombreuses régions du Reich sont directement menacées, il suggère la mise en place d'une milice populaire, mais, dans la logique de concurrence constante entre chefs nazis, il doit compter avec Himmler, Bormann et d'autres chefs nazis, qui le voient comme un incapable. En Mai 1945, Ley essaie de fuir en changeant d’identité. Cependant, il est arrêté et reconnu, puis écroué à la prison de Nuremberg. Quelques mois plus tard, il se pend dans sa cellule.
____________________
© Sites JPA, 2013