Christian de la Mazière
Impresario
1922-2006
Journaliste et impresario français qui a rejoint la Division Charlemagne pour combattre sur le front de l'Est.
Né en Tunisie et fils d'un lieutenant qui a participé à la guerre russo-polonaise, il entre dans l'armée française en 1939. Il reste soldat dans l'armée de Vichy jusqu'en 1942. Conservateur traditionnel, il se laisse séduire par les idées nazies et va collaborer à la rédaction du journal Pays Libre durant presque toute la guerre. Peu avant la libération de Paris, il s'engage dans la Waffen-SS. De la Mazière sera l'un des derniers survivants de la Division Charlemagne, formée exclusivement de Français.
Dans les derniers jours du Troisième Reich, des unités de cette division combattaient à Berlin, et participèrent à la défense du Reichstag. Christian de La Mazière fut fait prisonnier en Poméranie par les troupes polonaises (qui le laissent en vie, grâce à sa connaissance du polonais), et fut remis aux autorités russes, puis françaises. Après avoir essayé de se faire passer pour un ancien membre du STO pour éviter d'être jugé comme ancien membre de la Waffen-SS, il est démasqué, puis condamné à cinq ans de prison en 1946 et frappé d'indignité nationale pendant dix ans. Il est gracié par Vincent Auriol en 1948.Sorti de Clairvaux, il occupera différentes fonctions au cours des années suivantes, travaille dans le journalisme (notamment à L'Écho de la Presse et de la Publicité, à La Correspondance de la Presse de Georges Bérard-Quélin, ou encore à Cinédis). Il devient ensuite impresario, monte une agence de relations publiques en 1952, International Show qui fut une revue de presse d'acteurs et d'actrices du cinéma, et fréquente les milieux du cinéma et du show-business français, notamment Jean Gabin, Michel Audiard, René Clair, Pierre Brasseur, etc. Il fut même un temps le compagnon de Juliette Gréco, puis de Dalida ainsi que de Brigitte Bardot. Il raconta notamment son expérience, dans le film Le Chagrin et la Pitié qui évoquait la vie des Français sous l'occupation allemande. Il a également témoigné de son engagement à travers un livre, Le Rêveur casqué, ouvrage qui fit l'objet de plusieurs éditions et traductions, mais sonna le glas de son agence de relations publiques, et qui (c'est du moins ce qu'il prétendra trente ans plus tard) aurait inspiré à Georges Brassens la chanson Mourir pour des idées (1972). À noter qu'il s'y attribue un grade d'officier, alors qu'il n'a été tout au plus que caporal chef. Il sera ensuite employé par le Figaro Magazine et au Choc du mois, avant de rejoindre au Togo le président Gnassingbé Eyadema comme conseiller. Trente ans plus tard, il décrira ses années d'après-guerre dans Le Rêveur blessé, expliquant les conséquences de ses choix sur sa vie sociale et professionnelle. De la Mazière a retenu de sa vie qu'il faut toujours se méfier des idéologies, peu importe lesquelles.
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ã Sites JPA, 2013