André Malraux

Écrivain

1901-1976

 

Aventurier et écrivain français qui devient un des principaux militants du général de Gaulle.

Durant l'entre-deux guerre, Malraux aura une vie tumultueuse. Il a été emprisonné en Indochine pour trafic d'antiquités kmères, puis alla en Chine en proie aux convulsions politiques entre nationalistes et communistes où il écrira un livre qui le rendra célèbre: la condition humaine - un roman d'aventure et d'engagement qui s'inspire des soubresauts révolutionnaires de la Chine et obtient le Prix Goncourt. Militant antifasciste, André Malraux combat en 1936-1937 aux côtés des Républicains espagnols. Son engagement le conduit à écrire son roman L'Espoir, publié en décembre 1937, et à en tourner une adaptation filmée Espoir, sierra de Teruel en 1938.

À la déclaration de guerre, Malraux, qui avait été ajourné en 1922 et réformé en 1929, est accepté comme deuxième classe à la suite d'une intervention et incorporé le 14 Avril 1940 comme dragon au 41e dépôt de cavalerie motorisée, près de Provins, où il reste jusqu'au 14 mai 1940. Il reçoit une instruction d'élève sous-officier et espère devenir " tankeur ", mais les évènements ne lui en laissent pas le temps. Il décrira ainsi sa guerre: " Nos chars de Provins étaient hors d'état de nous porter hors du polygone d'entraînement. En mai, nous avons fait mouvement à pied, avec des antichars. Nous avons un peu tiraillé. J'ai été très légèrement blessé le 15 juin. Et le 16, nous étions faits prisonniers comme des fantassins, à mi-distance à peu près de Provins et de Sens, où on nous dirigea... ". Il semble qu'en fait, Malraux n'avait pas été blessé, mais que ses pieds étaient endoloris par des souliers trop étroits, ce pour quoi il fut soigné par des infirmiers de la Wehrmacht. Volontaire pour aider aux moissons, il est affecté à une ferme. Fin Septembre, son demi-frère Roland l'avertit que, selon les radios (neutres) suisse et suédoise, les Allemands recherchent certains écrivains, notamment Malraux, pour les libérer. Vu ses engagements politiques, Malraux estime avoir peu de chances d'être libéréet, avec l'aide de Roland (fourniture de vêtements, chaussures et argent), il s'évade de la ferme, en compagnie du poète Jean Grosjean, Jean Beuret et de l'abbé Magnet, qui lui offre l'hospitalité chez lui, dans la Drôme. Cette évasion est facilitée par la discipline très souple que les officiers allemands appliquaient aux prisonniers de guerre français. Le même jour, Josette a mis au monde leur premier fils, nommé Pierre en hommage à Pierre Drieu La Rochelle mais qu'on appellera Gauthier (1940-1961). Malraux, encore marié, ne peut reconnaître l'enfant. Pour que celui-ci porte le nom Malraux, Roland le reconnaît.

Il reprend contact avec des écrivains installés à la côte d'Azur : Gide, Martin du Gard etc. Il s'abstiendra toujours de publier dans La Nouvelle Revue française contrôlée par Drieu La Rochelle, devenu collaborateur de l'occupant, mais garde de bons rapports personnels avec Drieu. Méfiant de l'influence des communistes sur la Résistance, il refuse de s'engager malgré les pressions d'Astier, Bourdet, et du tandem Sartre-Beauvoir. Il croit que les Anglais finiront par être vainqueurs, mais les résistants français, qui manquent d'argent, d'armes et de matériel, lui font l'effet de " jouer au petit soldat ". En 1943, il s'installe avec Josette Clotis à St-Chamant. Son second fils, Vincent (1943-1961), naît le 11 Mars 1943. Peu à peu, la Résistance, qui possède maintenant des armes et de l'argent, semble plus sérieuse à Malraux. Début septembre, il a ses premiers contacts avec elle, en l'occurrence avec Harry Peulevé, chef du réseau britannique AUTHOR du SOE. Il aide au recrutement de son demi-frère Roland dans le réseau À l'automne 1943, toutefois, des efforts de Pierre Kaan et de Serge Ravanel pour faire entrer Malraux dans le Résistance active restent sans résultats.

Fin mars 1944, ses deux demi-frères, Rolland et Claude,agents du SOE ayant été arrêtés par les Allemands. André passe à la Résistance: il quitte discrètement St-Chamantet gagne la vallée de la Dordogne, au château de Castelnaud près de Limeuil, puis au Château de la Vitrolle. Il se fait appeler colonel Berger. Hiller le met en rapport avec les groupes Vény du Lot. Grâce à Jacques Poirier et George Hiller, il circule dans plusieurs départements, y rencontre des chefs de la Résistance, et leur fait part de sa " mission ", en ayant assez d'habileté pour laisser croire à chacun des groupes se réclamant d'une des hiérarchies en présence qu'il appartient à une autre. Il parle volontiers de son " PC interallié ". Il n'est en fait qu'un membre du réseau Nestor-DIGGER du SOE, commandé par Jacques Poirier (alias "Jack") et implanté en Dordogne. Durant tout son engagement dans le Sud-Ouest, son rôle sera en fait celui d'un témoin et d'un compagnon prestigieux, très peu celui d'un acteur et encore moins celui d'un commandant d'unité. Jacques Poirier, contrairement à beaucoup d'autres chefs de la Résistance, admirait Malraux, mais le trouvait plus utile par ce qu'il disait que par ce qu'il faisait.

Le " colonel Berger " est arrêté par les Allemands (le Kamfpgruppe Wilde, de la 11e Panzer Division de la Wehrmacht, et non la division 2e Panzer Division SS Das Reich comme Malraux l'écrit dans ses Antimémoires) à Gramat le 22 juillet 1944, lors de la fusillade de la voiture de George Hiller. Il subit des interrogatoires au cours desquels il aurait été l'objet d'un simulacre d'exécution, puis, au terme de divers transferts, est incarcéré à la prison Saint-Michel de Toulouse. Il se retrouve libre quand les Allemands quittent la ville, le 19 Août.

Un peu auparavant, le 26 juillet 1944, l'attaque d'un wagon de la Banque de France dans la gare de Neuvic avait mis des masses financières immenses dans les mains des résistants. Des sommes importantes sont comptabilisées comme ayant été versées pour la libération de Malraux, ce qui, comme l'a noté Guy Penaud, pose un problème, puisque Malraux n'a été libéré qu'après le départ des troupes allemandes. Dans les premiers jours qui