Marcel Ouimet
Journaliste
1915-1985
Correspondant de guerre québécois pour Radio-Canada et la CBC et qui a couvert la bataille de Normandie.
Né à Montréal, il a fait ses études à Ottawa avant de s’intéresser au journalisme. Il travaille d’abord au journal Le Droit d’Ottawa et va poursuivre des études de journalisme à Paris en 1937, entre autre à l’École des hautes études sociales. Revenu au Québec en 1938, il retourne au journal Le Droit avant de commencer sa carrière radiophonique à la station CHRC de Hull. Ultérieurement, Ouimet sera engagé à Montréal par Radio-Canada comme annonceur bilingue. Au moment de la déclaration de guerre du Canada, le 10 Septembre 1939, Ouimet est nommé chef de la salle des nouvelles. Il entre en fonction officiellement le 1er janvier 1941. Ouimet ne dispose que de six journalistes pour faire fonctionner la salle des nouvelles. Tout est à faire. La première année, le service des nouvelles doit gagner une crédibilité. La BBC de Londres est la référence. Il en profitera pour établir de nouvelles règles journalistiques rigoureuses. A titre de correspondant de guerre, Ouimet travaillera en compagnie de Paul Barette et Benoît Lafleur.
Avant de couvrir les opérations en Normandie, Marcel Ouimet s'était illustré par ses excellents reportages de la campagne de l'Italie. En Novembre 1943, c'est en plein coeur de l'action que Ouimet avait rapporté la bataille de San Marco. Son reportage percutant avait alors été repris notamment par la radio britannique BBC dans War Report, une émission phare sur la guerre. Le 25 Décembre de la même année, au son du cantique Adeste fideles, Marcel Ouimet rapportait ceci: Pour la première fois de la guerre, des soldats canadiens passent Noël sur la ligne de feu. Un Noël dans la boue et à la pluie battante, avec l'espoir de faire leur part pour redonner la paix la plus complète dans le monde. Comme l’on sait, la campagne de l'Italie s'est presque conclue par la prise de Rome le 5 Juin 1944, soit un jour avant le débarquement de Normandie. Le Jour J, Ouimet est arrivé sur les plages normandes peu après les premières vagues d'assaut. Il a débarqué à Bernières-sur-Mer en compagnie de Ralph Allen, correspondant du journal Globe and Mail. Sur les ondes de Radio-Canada, le reportage de Ouimet mettait en exergue la valeur d'un débarquement symbolique pour le contingent canadien-français: La Normandie, cette Normandie, que l'on veut toujours revoir, comme le dit la chanson, après tout, c'est un peu chez nous. D'autant plus chez nous aujourd'hui que certains de nos soldats y dorment leur dernier sommeil, sous ce sol riche que leurs ancêtres ont quitté pour aller fonder la Nouvelle-France. À l'instar d'autres journalistes, les correspondants francophones relataient d'une manière générale les événements de la Deuxième Guerre mondiale et surtout les faits de leurs compatriotes au sein de l'armée canadienne. Marcel Ouimet était là afin de rapporter pour le public canadien et québécois (alors canadien-français) une guerre que les Alliés devaient remporter en vue de stopper l’Allemagne nazie. Ouimet a suivi la progression des troupes alliées en France et rapporté le recul allemand dans l'Hexagone face à l'avancée alliée. Dans ses nombreux reportages, le journaliste allait raconter entre autres la célébration de la Saint-Jean-Baptiste par les unités canadiennes-françaises le 24 juin et la libération de plusieurs villes.
Le 9 Juillet 1944, Ouimet et son collègue Matthew Halton, de la CBC, accompagnaient les troupes canadiennes et britanniques qui investissaient la ville de Caen. À partir de Caen, désormais libre, Ouimet rapportait l'accueil reconnaissant des Caennais aux forces alliées au chant de La Marseillaise. Près de trois mois après avoir foulé le sol normand, c'est aux premières loges, dans une jeep d'un convoi de la 2e Division blindée du général Leclerc, que Marcel Ouimet entrait dans Paris libéré, objectif ultime de la campagne de France. De la Normandie à Paris, Ouimet avait raconté l'histoire des libérateurs qui allaient délivrer la France, sous le joug hitlérien depuis Juin 1940. Il devint directeur du réseau français de Radio Canada en 1947, fonction qu'il quitta en 1953 pour le poste de directeur-adjoint des programmes. C'est lui qui, le 12 Septembre 1960, officialisa la création du Comité de linguistique de Radio Canada, qui sera chargé de développer et d'améliorer l'usage du français à l'antenne et dans la gestion interne.
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Ó Sites JPA, 2013