Eddie Slovik

Soldat

1920-1945

Le seul soldat américain à avoir été exécuté pour désertion durant la Seconde Guerre mondiale.

Ce fils d’émigrés polonais a grandi dans la petite délinquance et a été arrêté plusieurs fois pour des larcins. En 1939, il est de nouveau arrêté pour vol de voiture. Libéré sur parole en Avril 1942, il obtient un emploi dans une société de plomberie, la Montella Plumbing Company, à Dearborn, dans la banlieue de Détroit. Là, il rencontre Antoinette Wisniewski, avec laquelle il se marie le 7 Novembre 1942. Ils vivent tous les deux chez les parents de la jeune fille. Dans un premier temps, le casier judiciaire de Slovik le rend inapte au service militaire cependant, après un an de mariage, l'administration réexamine son dossier et le déclare cette fois apte au service national. Mobilisé, il est d'abord alors envoyé le 24 Janvier 1944 à Fort Wolters au Texas, pour y subir un entraînement militaire de base. Puis, il est envoyé en août sur le front en France. Arrivé le 20, il est l'un des 12 renforts de la compagnie G du 109e régiment d'infanterie au sein de 28ème Division d'infanterie US.

En route pour rejoindre leur unité, Slovik et un camarade, le soldat John Tankey, se mettent à couvert lors d'une attaque d'artillerie et se trouvent séparés de leur détachement. Dès le lendemain, ils sont recueillis par une unité de la police militaire canadienne avec laquelle ils resteront pendant six semaines. Néanmoins, Tankey prend soin d'écrire à son unité pour expliquer son absence et celle de Slovik. Ils reprennent tous les deux du service dans leur compagnie le 7 Octobre sans qu'aucune accusation ne soit portée contre eux.

Le lendemain, Slovik informe son chef de compagnie, le capitaine Ralph Grotte, qu'il a "trop peur" pour servir dans une compagnie de fusiliers et demande à être réaffecté à une unité en zone arrière. Il lui affirme aussi qu'il n'hésiterait pas à s'enfuir s'il était envoyé de nouveau dans une unité de combat, demandant cependant au capitaine Grotte si cette fuite constituerait un acte de désertion. Grotte lui répondît par l'affirmative, refusa sa réaffectation et le renvoya aussitôt dans un peloton de fusiliers. Dès le lendemain, le 9 Octobre, Slovik réitère ses intentions par écrit et approche un homme de la police militaire pour lui remettre sa lettre. Il est amené devant le lieutenant-colonel Ross Henbest, celui-ci lui offre l'occasion de se racheter en ignorant cette note écrite. Slovik refuse et écrit une seconde note, dans laquelle il déclare qu'il sait ce qu'il fait et qu'il assume pleinement les conséquences de ses actes. Slovik est alors placé aux arrêts et confiné dans l'enceinte du camp de la division. Le juge-avocat de celle-ci, le lieutenant-colonel Henry Summer, offre de nouveau à Slovik l'occasion de rejoindre son unité sans qu'aucune poursuite ne soit engagée contre lui et lui propose un transfert dans un autre régiment d'infanterie. Slovik décline ces offres, en déclarant : Je me suis décidé. J'irai en cour martiale .

L’unité de Slovik devait être engagée dans les combats de la forêt de Hurtgen, et tous les GI’s savaient que ce ne serais pas de la tarte. Les Allemands étaient résolus à tenir le terrain et les pertes américaines augmentaient rapidement. Plusieurs soldats indiquaient qu'ils préféraient être emprisonnés que de continuer ce combat et le taux de désertion ou d'autres crimes dans les unités américaines engagées avait commencé à augmenter. Le commandement se devait donc de réagir: suite à ses déclarations et à son passé de délinquant, Eddie Slovik devint alors le parfait bouc émissaire. Le soldat Slovik fut donc accusé de désertion et traduit en cour martiale le 11 Novembre 1944. Durant le procès, le procureur, le capitaine John Green, présenta des témoins à qui Slovik avait déclaré son intention de " fuite ". L'avocat de la défense, le capitaine Edward Woods, annonça que son client avait choisi de ne pas témoigner. Les neuf officiers de la cour reconnurent Slovik coupable de désertion et le condamnèrent à mort. La sentence fut examinée et approuvée par le commandant de division, le général Cota. Le 9 Décembre, Slovik écrivit une lettre au commandant suprême des forces alliées, le général Eisenhower, lui demandant sa clémence. Cependant, la désertion était devenue un problème important dans l’US Army et il fallait faire un exemple. Eisenhower confirma donc l'ordre d'exécution le 23 Décembre 1944. Slovik est fusillé le 31 Janvier 1945 dans le village français de Ste-Marie aux Mines. Aucune plaque ne signale l’endroit de l’exécution.

Durant la Seconde Guerre mondiale, 120 GI’s ont été condamnés à mort pour crimes crapuleux divers (meurtres, viols, etc.). En revanche 2100 autres ont été condamnés pour désertion, dont 49 à la peine de mort. Slovik a été le seul à être exécuté. En guise de comparaison, notons que dans la Wehrmacht, plus de 10,000 soldats allemands ont été fusillés pour crimes divers et/ou sacrifiés dans des bataillons disciplinaires.

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