Sus au Tirpitz
Depuis la perte du Bismarck en 1941, la Kreigsmarine n'a jamais cherché àa utiliser ses grands navires de surface pour affronter la Royal Navy. L'effort de guerre naval allemand a presque été mené uniquement par des submersibles. Certes, le croiseur lourd Scharnhorst a fait quelques sorties pour menacer les convois en direction de Mourmansk, mais il a été coulé en Novembre 1943. A une époque ou s'affirme la primauté des moyens aéronavals sur les moyens navals classiques, une seule question hantait la marine allemande: que faire de ce grand navire de guerre dans les opérations navales courantes? Le laisser aller en mer sans protection aérienne, comme le Bismarck? Et cela alors que le mazout était alloué aux submersibles? Dèes lors, la fonction réelle de ce cuirassé sera de bloquer à Scapa Flow les cuirassés et les croiseurs de la Home Fleet. L'amirauté britannique ne pouvait pas se permettre d'avoir un pareil adversaire près de ses portes.
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Le navire
Au début de 1943, l'amiral Von Tirpitz était le plus grand cuirassé opérationnel en Europe. Il est le frère jumeau du Bismarck, et sa coque a été lancée èa Wilhemshaven le 1er Avril 1939, trois mois plus tard que son aîné. Son nom est un hommage au créateur de la Marine allemande de la Première Guerre mondiale. Son poids total est de 56,000 tonnes et peut filer à 28 noeuds — soit la même vitesse qu'un destroyer d'escorte américain. Son armement est identique à celui du Bismarck: 4 tourelles blindées doubles de 380mm, douze canons de 150mm, seize affûts doubles de 105mm, 80 canons automatiques Bofors de 30mm, et quinze Rheinmetall de 37mm. Fait inusité, il possèede 8 tubes lance-torpilles de 533mm, de même que deux hydravions Arado 196. Son blindage était réputé résistant à tous les types d'obus perforants avec un carapace de 200mm d'épaisseur qui protège toutes les oeuvres vives du bâtiment. Le pont a 17 pouces de blindage pour le protéger des attaquea aériennes. Son épaisseur maximale (392mm) se situait au niveau d'une ceinture bardant le navire sur deux mètres de hauteur de part et d'autre de la ligne de flottaison, et couvrant l'avant de la première tourelle jusqu'à l'arrièere de la quatrième. Derrière cette carapace, un compartimentage très serré afin de réduire l'importance d'éventuelles voies d'eau. Ce compartimentage était le fruit de l'expérience de la Première Guerre mondiale au cours de laquelle les bâtiments de la Marine impériale ont pu tenir tête aux Britanniques grâce à leur robustesse.
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Le lancement du Tirpitz — Le Tirpitz à son mouillage norvégien — Le capitaine Karl Topp
Le bâtiment a été livré à la Kriegsmarine le 25 Février 1941 malgré une finition imparfaite. De nombreux éléments sont terminés au mouillage de Fattenfjord (près de Trondheim, à 50 km de la frontière suédoise). A sa livraison, il était commandé par le capitaine Karl Topp. Le navire effectua quelques raids sur la Baltique dans le but de couler navires allant en URSS. Cependant, le Tirpitz ne s'est jamais risqué sur l'Atlantique Nord. Une fois l'équipage rodé, le Tuirpitz servia d'épouvantail dressé face aux convois de l'Artique. Il va rester ancré au Fettenfjord à l'abri des filets anti-torpilles, masqué par des écrans de fumée, et protégé par des batteries de la Flak.
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Le Tirpitz à l'entraînement — Une silhouette menaçante...
Opération Source
Il s'agit d'un raid mené le 23 Septembre 1943 à l'aide de submersibles minitaures, surnommés "X-crafts". A ce moment, le cuirassé était mouillé à Altafjord, toujours protégé âr des filets anti-torpilles et une batterie de dca. L'Amirauté opte pour le moyen peu orthodoxe de remorquer ces petits cercueils d'acier à proximité de la côte norvégienne fain qu'ils puissent pénétrer dans le fjord afin de déposer des mines sous la coque du navire ennemi, sans être détecté. Le projet est à la fois tordu et risqué. Les mini submersibles sont mal construits et peu fiables mécaniquement. Ils étaient propulsé par un moteur d'autobus londonnien. Chaque mini surmersible portaient deux mines lestées comme des ballasts de chaque côté de la coque (clip-ci bas). Partis depuis le 11 Septembre, les X-crafts étaient remorqués en plongée depuis l'Écosse, puis devaient faire surface à toutes les quatre heures afin de ventiler l'habitacle. LEs équipiers étaient tous volontaires, et il fallait être un peu fou pour se lancer dans une pareille aventure. Sur les six X-crafts alloués pour cette opération, un est perdu en mer durant le trajet, et trois parviennent à se faufiler jusqu'à leur cible. Le X-6 et le X-7 ont été les deux seuls à poser leurs mines sous le Tirpitz. Chaque mine pèse deux tonnes. Cependant, les marins allemands aperçoivent le X-7. dans la rade et donnent l'alerte. Le capitaine Topp ordonne de faire bouger légèrement le navire de son mouillage afin de réduire tout minage anticipé. les charges explosent avant que le navire ait terminé sa manoeuvre. L'explosion fit lever la poupe de 6 pieds et scrappa la salle des machines. Le système hydraulique de la tourelle arrière est endommagé. Un marin allemand est tué et 40 autres blessés. De retour en Angleterre, les lieutenants Place (du X-7) et Cameron (du X-6) ont été décoré de la Croix de Victoria.
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Un mini-submersible X tel qu'utilisé dans le raid — Sommaire de l'attaque
Les dégâts infligés au Tirpitz sont assez importants au point de nécessiter plusieurs mois de réparations. Une barge spéciale est amenée au Faettenfjord pour effectuer les réparations, parce qu'une traversée vers un port allemand est jugée trop dangereuse. Bien qu'à nouveau opérationnel, le Tirpitz n'aurait pu retrouver sa pleine vigueur que s'il avait été réparé dans une vraie cale sèche: les déformations de la coque affectent ses qualités hydrodynamiques, ce qui fait réduire la vitesse maximale du navire de 30 à 27 noeuds. En 1944, au veu de l'évulution du conflit, le Tirpitz est transformé en forteresse flottante. En effet, le carburant nécessaire èa son fonctionnement manque, e tde toute manière, la bataille de l'Atlantique était perdue pour les Allemands. Finalement, les marins autres que les artilleurs étaient plus utiles ailleurs que sur un grand navire de guerre condamné à l'imobilité.
Une fin annoncée
Au printemps 1944, la vie à bord du Tirpitz ressemblait beaucoup à celle de son homoloue japonais Yamato. Aprèes la bataille de Midway, ce cuirassé japonais n'a jamais quitté son mouillage, sauf pour quelques patrouilles d'entraînement côtières. A quai, l'équipage vivait confiné sur le navire surnommé "l'hôtel Yamato". L'oisiveté s'installe. Il en est de même pour les marins du Tirpitz confinés sur leur palais flottant, avec de la bonne bouffe et du bon alcool. Malgré les divertissements, les marins savent que le jour viendra ou ils seront pris pour cible par l'aviation alliée.
Les spectacles se succèdent sur le pont du Tirpitz...
Ainsi, perché sur un haut font pour éviter de chavirer, le Tirpitz va rester à l'écart de tous les événements militaire de l'été et de l'automne 1944. Son heure arrive le 12 Novembre 1944 et c'est la RAF qui lui règlera son affaire. Le Bomber Command envoie plusieurs quadrimoteurs Lancaster, chacun muni d'une bombe Wallis de 6 tonnes — du genre de celles qui ont détruit les abris bétonnés de Lorient. L'attaque ne pardonne pas. Contrairement aux espoirs de Doenitz, le navire est touché dans sa réserve de munitions, et chavira quand même. L'absence d'équipage en-dehors des artilleurs et ingénieurs réduit le nombre de pertes humaines. Bon nombre de marins coincés sous la coque retournée, ont été sauvés par la découpe de celle-ci. L'épave a été abandonnée et elle sera désossée après la guerre par les ferrailleurs norvégiens. Ces derniers en obtirent un bon revenu grâce è la revente des câbles d'acier.
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Les Lancasters font mouche — Un désossage rentable...
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