Torch
Durant l'été 1942, les Américains et les Britanniques ont entrepris une série de préparatifs hâtifs pour réaliser la première grande opération militaire inter-alliée de la Seconde Guerre mondiale. La période prélimilinaire se termina à la fin Octobre dans une atmosphère d'improvisation qui a eu pour conséquense d'épuiser les ressources matérielles et militaires des deux pays. Plus de 100 navires transportèrent l'armée américaine du général Patton; ils nécessitèrent la protection de la quasi-totalité des destroyers américains et britanniques. Le convoi appareilla de plusieurs ports et il se forma en une seule entité une fois en mer. Il fut détecté par plusieurs submersibles allemands, mais la vitesse des navires voisinait 28 nœuds et il était hors de portée d'atteinte par les submersibles ennemis. Deux porte-avions assuraient la couverture aérienne. La destination du convoi anglo-américain était les plages du Maroc et d'Algérie. Les unités qui ont quitté l'Angleterre étaient la Eastern et la Center Task Force, composées de la 1ère Division blindée US, commandée par le major-général Ward, la 1ère Division d'infanterie US – surnommée la Big Red One -, commandée par le major-général Allen, et la 34ème Division d'infanterie US. Les unités qui provenaient directement des Etats-Unis formaient la Western Task Force et comprenaient les 2ème et 9ème divisions blindées US . Curieusement, ces effectifs disposaient de peu de moyens amphibies étant donné les courts délais de préparation. Ces formations étaient sous-entrainées, car elles n'avaient ni les sites d'entrainement ni le temps nécessaire pour parfaire l'entrainement des fantassins. Cette force anglo-américaine qui s'embarquait n'était pas suffisamment préparée pour affronter les Allemands. Les navires d'assaut provenaient de Liverpool et de Glasgow et prirent la mer dans la nuit du 5 au 6 Novembre 1942.
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L'attitude française
Le commandant de l'Opération Torch était le général Eisenhower, et il avait son QG temporaire à Gibraltar. Son principal soucil n'était pas le fait que les soldats alliés débarqueraient sur les plages après avoir fait du surf sur des vagues de cinq pieds, mais de savoir si les autorités françaises coopéraient avec lui pour faciliter le déploiement de ses forces vers la Tunisie. Eisenhower et son adjoint, le général Clark, voulaient discuter de cette coopération française avec le général Giraud, amené secrètement de France par un submersible. Dans des conversations interminables, Enseihower n'a pu convaincre Giraud de se rendre en Afrique du Nord pour rallier les autorités françaises à la cause alliée. Cependant, Giraud accepterait à condition que les débarquements prévus aient lieu à la fois en Afrique du Nord et dans le Sud de la France. Une telle condition ne plaisait pas à Eisenhower. Ultérieurement, Giraud accepta de collaborer, mais il était déjà trop tard pour lui. Les Alliés négociaient avec l'amiral Darlan, alors en visite privée en Afrique du Nord. Pour les Anglo-Américains, Darlan était le dignitaire français le plus haut-placé sur place et représentait l'autorité légale française. Eisenhower s'entendit avec lui pour éviter des combats prolongés avec les Français en Afrique du Nord, au moment où ses troupes débarquaient. Quant a de Gaulle, il n'avait pas été informé des débarquements. Il fut si outré qu'il dit a son messager, le général Bilotte: j'espere que les Vichistes les jetteront a la mer...
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Soldats américains sur une plage près d'Alger – Patton fait déjà son petit boss
Les trois "task forces" débarquèrent simultanément le 8 Novembre avant l'aube, afin d'accroitre l'effet de surprise chez les Français. Malgré un simulacre de résistance, beaucoup d'officiers français aidèrent les soldats anglo-américains une fois sur les plages. Ces officiers vichystes furent informés de l'arrivée imminente de la force de débarquement par le diplomate américain Robert Murphy alors à Alger, ainsi que par le général Clark qui les avaient rencontrés secrètement dans un port côtier algérien deux semaines avant le débarquement. Mais Clark n'avait donné aucun détail sur les lieux exacts et la date du débarquement. Conséquemment, l'aide de ces officiers français se fit d'une manière improvisée et peu coordonnée. A Alger, quelques centaines de résistants armés s'emparent de tous les bureaux des autorités locales et font prisonniers tous les cadres civils et militaires vychistes - y compris l'amiral Darlan.
Débarquements au Maroc
Le 8 Novembre, la Western Task Force débarqua ses troupes sur les plages marocaines de Safi, Fedala, et Mehida, afin de ceinturer Casablanca. Cependant, il était hors de question que Patton prenne cette ville par un assaut frontal, car elle était fortifiée et bien défendue. Le gros du travail fut fait par l'adjoint de Patton, le major-général Truscott. Ce dernier réussit à coordoner les efforts du débarquement au Maroc devant une résistance française plus dure que prévue. Les navires américains furent bombardés et une des têtes de pont américaines pilonnée. Les combats durèrent deux jours. Ils diminuèrent d'intensité lorsque l'aéroport de Mehdia fut pris, et prirent fin lorsque le cessez-le-feu fut signé à Alger. Truscott perdit 79 tués et 300 blessés.
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Transports américains à Merls-el-Kébir – Américains fouillant un immeuble
Les débarquements près de Safi étaient sous le commandement du major-général Harmon, de la 2ème Division blindée US. Cette unité eut considérablement de mal à se déployer à cause de son manque d'entrainement en rase-campagne, ce qui occasionna des délais.
Succès à Oran
La Task Force Centre débarquée à Oran totalisait 22,000 hommes débarqués dans sept opérations amphibies. La 1ère Division d'infanterie US devait encercler la ville portuaire et bloquer d'éventuels renforts, tandis que la 1ère Division blindée US devait foncer vers l'intérieur. Les débarquements se firent normalement, pour une fois. Arzew fut prise intacte avec son aérodrome. La garnison navale de la base de Mers-el-Kébir fit une résistance symbolique. Cependant, une petite attaque frontale contre Oran échoua. Le 9 Novembre, les Français d'Oran contre-attaquèrent et il y eut un combat sérieux; mais leurs défenses furent percées par les blindés américains et les autorités françaises se rendirent rapidement. La prise d'Oran dura presque trois jours, et elle fut le seul succès purement militaire de Torch. Les pertes américaines se chiffèrent à 275 tués et 325 blessés. Ce qui n'empêcha pas les soldats américains d'offrir des cigarettes aux "Frenchies" (image gauche).
Succès à Alger
La ville d'Alger demeurait l'objectif le plus important de l'Opération Torch. Cette grande ville était proche de Tunis et avait un port, un terminal ferroviaire, des entrepôts pour stocker du matériel, ainsi que deux aérodromes. La Task Force Eastern se divisa en trois points de débarquement (voir carte). Les débarquements comprenaient des unités américaines et britanniques: 7200 hommes pour la 11ème Brigade d'infanterie britannique; ils se firent de façon ordonnée, car les troupes françaises de l'endroit avaient reçu comme consigne de ne pas résister. Une partie de la 34ème Division d'infanterie US débarqua sur la partie Ouest de la ville; la résistance française fut faible et se tut rapidement. Cependant, devant Blida, 4300 Américains et 1000 Britanniques prirent l'aérodrome et entrèrent dans la ville. Le seul ennui fut l'encerclement de 650 commandos anglo-américains dans certains immeubles du port d'Alger: ils durent se rendre. La ville d'Alger fut temporairement contrôlée par un petit groupe de résistants gaullistes mais vite délogés et malmenés par une unité vichyste. La présence de l'amiral Darlan à Alger fut fortuite, car le comportement des unités françaises régulières dépendait de lui. Il demanda des instructions à Pétain; ce dernier lui donna toute la liberté d'action. Au moment où les Anglo-Américains approchèrent d'Alger, Darlan autorisa le général Juin à négocier l'armistice à Alger, mais non pas dans toute l'Afrique du Nord française. Le lendemain, le général Clark arriva à Alger pour négocier avec Darlan pour un arrêt des hostilités dans toute l'Afrique du Nord française. La question fut réglée avec succès après deux heures de négociations. Les hostilités cessèrent le 11 Novembre.
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Prisonniers français attendant d'être relâchés – Darlan conversant avec des correspondants de guerre alliés
Dès lors, le général Anderson fut autorisé à regrouper ses forces et à foncer vers Bizerte et Tunis. Pendant que l'armistice s'instaurait en Algérie, les officiers français en Tunisie attendaient des instructions quant à résister ou non aux forces de l'Axe qui arrivaient en grand nombre dans le port de Tunis. Les troupes françaises en Tunisie entrèrent en action qu'à la mi-Novembre du côté allié. Les éléments britanniques expérimentés de la Eastern Task Force firent d'excellents progrès vers la Tunisie malgré les distances, les mauvaises routes et la topographie accidentée de l'Algérie orientale. Avec des renforts américains, ils passèrent à l'attaque, mais fut contenu par les Germano-Italiens. Anderson n'était ps à blamer. La faute revint à Eisenhower qui ordonna une avance trop rapide vers la Tunisie, sans que ses forces soient suffisamment nombreuses et reposées. La météo désagréable mit fin aux opérations durant Décembre. L'Opération Torch prit fin. L'assasinat de l'amiral Darlan le 24 Décembre conclua l'événement. Dès lors, les Alliés devaient évoluer dans une nouvelle conjoncture politique et militaire inter-alliée. Entretemps, Rommel était sur le point d'entrer au Sud de la Tunisie.
Le sabordage de la flotte française à Toulon
Torch fut le premier succès militaire anglo-américain, et servit de cadre à la consolidation de l'unité inter-alliée au niveau de la planification et de l'exécution opérationnelle. La cessation rapide des hostilités au Maroc et en Algérie a non seulement contribuée à mieux préparer les opérations offensives en Tunisie, mais à gagner l'expérience requise pour d'autres débarquements, comme en Sicile et en Italie.
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