Né d’une famille d’officier et de fonctionnaires, il est diplômé de l’Académie Alexandre en 1914 avec le grade de sous-lieutenant. Il participe à la Première Guerre mondiale mais sa carrière de combattant est brève car il est capturé par les Allemands en 1915 durant la campagne de Galicie. Il est détenu au fort d’Ingolstadt avec d’autres officiers juniors, dont un certain Charles de Gaulle. Selon ce dernier, Toukhatchevski était un officier, au patriotisme très vif, très hostile au régime tsariste, bien qu'il soit issu de la noblesse ; il faisait profession d'athéisme tout en faisant l'éloge de Péroum – le dieu slave de la Guerre.

Au moment de la révolution russe, il décide de rester dans l'armée et occupe un poste à la section militaire du Comité exécutif panrusse des Soviets. Il adhère au Parti bolchevique en 1918 et fait carrière dans l'Armée rouge après la révolution soviétique. Lors de la guerre civile qui s'ensuit, il prend le commandement de la I^re armée sur le front oriental, le 26 Juin 1918. En 1920, il commande l'offensive contre la Pologne et, pour galvaniser ses hommes, lance son fameux ordre du jour:  La route de l'incendie mondial passe sur le cadavre de la Pologne ! Il échoue cependant devant Varsovie et met ouvertement en cause Kliment Vorochilov et Staline pour avoir entravé son action et être responsables de cet échec. Toukhatchevsky avait réclamé la 1^re de cavalerie du général Boudienny en renfort, mais Staline refuse car il bataillait à Lvov. Staline faisait de la prise de Lvov une question de prestige. Staline n'oubliera jamais cet affront. En 1921, sur ordre du parti communiste, il écrase la révolte des marins de Kronstadt, qui fait plusieurs milliers de morts. En été de 1921, Toukhatchevski n'hésite pas à bombarder les populations aux gaz toxiques pour mater la grande révolte des campagnes de Tambov.

La guerre civile terminée, Toukhatchevski participe activement à la réorganisation de l'armée. Il est nommé commandant de l'Académie militaire de l'Armée rouge en août 1921. Il devient chef d'état-major général de 1924 à 1928, puis commandant de la région militaire de Leningrad. En 1931, il est ministre adjoint de la défense nationale et chef des armements de l'Armée rouge. Il est promu rapidement au grade de maréchal en 1935. Durant l’entre-deux guerres, Toukhatchevski désirait surtout moderniser l’armée russe par le biais des communications et de la mécanisation. C’est lui qui va théoriser le concept "d’opérations en profondeur " dans lesquelles des unités combinées pourraient détruire les arrières de l’ennemi et sa logistique. Sa doctrine sera acceptée et appliquée par l’Armée rouge durant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, Toukhatchevski n’aura pas la chance de voir ses tactiques appliquées dans le cadre d’une guerre, car il sera l’une des premières victimes des purges staliniennes.

Staline prit la décision de liquider Toukhatchevski quand, devant le Soviet suprême, celui-ci avait publiquement critiqué l'Allemagne et le danger qu'elle représente. Un dossier de trahison est monté avec Nikolaï Iejov, chef du NKVD via, semble-t-il, la contribution du contre-espionnage (SD) nazi dirigé par Reinhard Heydrich, allié pour l'occasion. Son principe est le suivant : Staline veut se débarrasser de Toukhatchevski qui représente un danger pour son pouvoir absolu – Staline n’aime pas les gens talentueux; Hitler veut la même chose, surtout pour priver l'Armée Rouge de son dirigeant le plus brillant. Une fausseté selon laquelle Toukhatchevski complote est alors transmise aux Allemands par Iejov ; ceux-ci l'amplifient en fabriquant des faux et la font passer aux Tchèques qui la relaient, en toute bonne foi, aux Soviétiques. Pour parachever leur œuvre, les services nazis font passer aussi une information par la France. Toukhatchevski est arrêté le 22 Mai 1937 et jugé dans un procès tenu à huis-clos devant un panel d'officiers généraux. Conscient des risques d'agitation que cette arrestation pouvait provoquer, Staline ne diffuse l'information qu'après la mort de l’accusé. Toukhatchevski est exécuté le 12 Juin suivant. Sa famille subit également arrestations et déportations. Sa femme devient folle, sa fille se pend. Son exécution répond aux divergences de fond entre le général et Staline, au fait que ce dernier se méfiait des militaires trop populaires.

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