Guy Biéler

agent secret

Gustave Biéler

1904-1944

Agent secret canadien qui travailla pour le SOE britannique et qui a effectué plusieurs missions de sabotage en France occupée.

Né en Suisse de parents français qui, ultérieurement, immigrèrent au Canada en 1924, Biéler travaillait pour la compagnie d'assurances Sun Life lorsque la guerre éclate en 1939. Il s'enrôle dans l'armée canadienne dans le Régiment de Maisonneuve mais les Britanniques remarquent chez lui un potentiel comme agent de renseignement. Lorsque les services secrets britanniques voulurent retenir ses services, le lieutenant-colonel Redmond Roche, commandant du Régiment de Maisonneuve en Angleterre, s’y opposa. Il fallut l’intervention d’un officier supérieur du War Office pour lui faire comprendre l’importance de la mission qu’on voulait confier à Biéler. En Angleterre, le responsable de la section française du SOE (ou Direction des Opérations spéciales) était le colonel Maurice Buckmaster. C'est lui qui recrute Biéler au printemps 1942 et qui lui donne sa formation. Dés juillet 1942, Biéler fut parachuté en France, en territoire ennemi. Il se blesse sérieusement à l’épine dorsale en touchant le sol. Malgré des douleurs atroces, il ne se plaignit jamais de sa blessure et commença immédiatement sa mission qui consistait à organiser le mouvement de résistance en France, à recevoir des armes, les cacher, les distribuer sous le manteau, poster des hommes sûrs aux endroits stratégiques et chaque jour, sans bruit et sans gloire aussi, saboter lentement mais sûrement le système défensif ennemi. Biéler met sur pied un réseau de saboteurs efficaces. Bien que certains de ses hommes ont été capturés, Biéler, surnommé commandant Guy, en organisait d'autres jusqu'au moment où il est épinglé par la Gestapo. Écroué, il sera interrogé et torturé durant des semaines pour qu'il dénonce les membres de son réseau: mon séjour au siège de la Gestapo de Saint-Quentin a été un tourbillon de tourments, de cris et de déchirement. Je refusais de trahir mes camarades qui avaient beaucoup plus à perdre que moi. J'étais foutu de toute façon. Que je parle ou non, j'allais y passer. Je me suis donc enfermé dans un refus obstiné d'ouvrir la bouche, dira-t-il à son ami Gabriel Chartrand.

Par la suite, Biéler sera de nouveau torturé à la prison de Fresnes par de véritables "techniciens" avec des techniques de privations de sommeil et de choc thermique afin de faire fléchir son moral. De guerre lasse, ses bourreaux le firent déporter au camp de prisonniers politiques de Flossenburg en Allemagne où le major canadien trouva la force de s’évader avec seize de ses camarades. Mais il fut vite repris. Cette fois, son sort était scellé. Il devait vite être pendu. Reconnaissant son courage, l’ennemi consentit à ce qu’il soit plutôt fusillé. Une garde d’honneur de SS lui rendit les honneurs avant qu’il ne tomba sous les balles. Pour ses actions, le major Biéler reçut à titre posthume l’Ordre du Service Distingué (DSO), la Légion d’Honneur et la Croix de Guerre française et fut fait membre de l’Ordre de l’Empire Britannique (MBE). La petite ville française de Fonsomme donna, en son souvenir, à l’une de ses rues le nom de "Rue du Commandant Guy", le pseudonyme sous lequel il était connu dans la Résistance.

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