René Bousquet

Haut-fonctionnaire

1909-1993

Avocat français qui a été le secrétaire général de la police du régime de Vichy.

Né à Montauban, Bousquet est le fils d'un notaire de Montauban. Il a fait des études de droit à Toulouse. Durant l'entre-deux guerres, Bousquet devient chef adjoint de cabinet de Pierre Cathala (radical indépendant), sous-secrétaire d’État à l'Intérieur dans le premier gouvernement Laval – qui travaille toujours avec des fidèles, qu'il conserve et place tout au long de son parcours –, dont il deviendra un très proche collaborateur3 et qu'il suivra jusqu'à la fin. En 1933, il est sous-préfet. Âgé de 31 ans, Bousquet est ensuite préfet régional (le plus jeune de France) en septembre 1941. En avril 1942, au moment précis où les SS prennent, en zone occupée, la responsabilité du maintien de l'ordre que détenait précédemment la Wehrmacht. Laval lui donne le job de secrétaire général de la police. Il occupe, à ce titre, un rôle principal dans la collaboration policière de Vichy avec l'occupant allemand16, qui découle des termes de l'armistice de juin 194017. Après une rencontre avec Reinhard Heydrich le 6 mai 194218, il engage à partir de juin une négociation sur les questions de police avec le général Oberg. Bousquet pouvait disposer d'une large autonomie à condition qu'il promît de combattre les ennemis du Reich - principalement des communistes et résistants. En mai 1942, Bousquet demande à Reinhard Heydrich, organisateur de la Shoah venu lui annoncer la déportation des Juifs apatrides de la zone occupée, si les Juifs apatrides internés en zone libre depuis un an et demi peuvent être déportés en même temps que ceux internés à Drancy. Pour lui, l'essentiel lors de cette rencontre est de préserver la souveraineté de la France, avec comme premier résultat que tous les services de police, dont ceux de la zone occupée, soient remis sous la dépendance du Gouvernement français, l'offre faite au sujet des Juifs étant une preuve de "bonne volonté". Cette collaboration surprend les Allemands eux-mêmes, qui en profitent, dès le 17 juillet 1942, pour déporter 3000 personnes de la zone libre... Convoqué par Carl Oberg, le 2 juillet 1942, il s'engage, contre la promesse de diriger un corps de police unifié, et après consultation de Laval, à mettre ses hommes au service de l'occupant pour arrêter les Juifs étrangers - ce à quoi Pétain s'opposait car hors de question de déporter des Juifs français. Fin juillet, Bousquet reçoit une lettre de Oberg le félicitant de la conduite exemplaire de la police française. Bousquet demande, fin mars 1943, que les Français ne prennent plus part aux déportations des Juifs français depuis Drancy. Il préfère s'abstenir de toute initiative de déportation pour le compte des Allemands, en préférant se concentrer sur des affaires de police "strictement françaises". À Berlin, Himmler considère judicieux la conception de Oberg d'avoir Bousquet comme collaborateur, car ce serait un dangereux adversaire s'il passait dans le camp opposé. En 1943, Bousquet a des contacts avec la Résistance en protégeant certains de ses membres, menacés d'arrestation - notamment un certain François Mitterand impliqué dans une filière d'évasion. Bousquet sait que son job est en sursis et il écrit à Helmut Knochen, en réponse à une demande qu'il lui a faite, le 20 novembre, relativement à la possibilité de consultation, par les services allemands, de listes d'Israélites établies par les préfectures. Fin 1943, Bousquet brûle ses archives afin de compliquer le travail de son successeur110, Darnand, chef de la Milice, qui le remplace le 31 décembre 1943. Le 9 juin 1944, Bousquet est arrêté par la Gestapo et est emmené en Bavière avec sa famille – courtoisie de Oberg. Libéré par les Américains en 1945 et invité à Se réfugier aux États-Unis. L'idée vient d'Allen Dulles, patron de l'OSS américain. Dulles avait évalué à sa juste mesure ce personnage. René Bousquet refuse et demande à rentrer en France où il est écroué à la prison de Fresnes du 18 mai 1945 au 1er juillet 1948.

Après la guerre, René Bousquet se retrouva opportunément l'avant-dernier Français à comparaître en Haute Cour de justice, en 1949. Bousquet fut acquitté par la Haute Cour de justice du chef "d'atteinte aux intérêts de la défense nationale", mais déclaré "convaincu du crime d'indignité nationale". Après la guerre, Bousquet a fait carrière dans la presse et à la Banque de l'Indochine où il fut recruté par Jean Laurent, ancien chef de cabinet du général de Gaulle dans le gouvernement Paul Reynaud en juin 1940 et authentique résistant. En 1974, il soutien la candidature de Mitterand, tout en fréquentant pendant toutes ces années plusieurs centaines d'autres personnalités, ignorantes ou non de ses agissements à Vichy. n 1989, l'association des Fils et filles de déportés juifs de France de Serge Klarsfeld, la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes et la Ligue des droits de l'homme déposent plainte contre René Bousquet pour crimes contre l'humanité dans le cadre du dossier de la déportation de 194 enfants de six départements du Sud de la France. Il est inculpé en 1991, mais l'instruction n'est pas achevée car il est assassiné

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